Nous attendons tous avec impatience la date miracle du 21 mars, premier jour du printemps.
Le printemps, c’est la saison du renouveau de la nature, du retour des oiseaux migrateurs et du réveil des animaux (et de nombreux humains !) hibernants. C’est aussi la saison des amours chez les oiseaux et pour de nombreux mammifères, une période particulièrement euphorique.
Il est bien connu que le soleil est synonyme de vie et il agit comme un antidépresseur puissant : son retour contribue donc à nous mettre le moral au beau fixe…
Ce réveil naturel n’est en rien le fruit du hasard.
A l’approche de l’hiver, tous les végétaux herbacés des régions tempérées et froides se préparent à passer le cap des basses températures et à survivre. Pour éviter le pire, ils mettent au point tout un processus d’hibernation : la dormance.
Dès que la température extérieure affiche une baisse et frôle les 12°C, les espèces végétales ralentissent leurs processus métaboliques tels que la photosynthèse ou la croissance. La température n’est pas le seul facteur extérieur responsable de cette dormance. La lumière a également sa part. Des pigments de la plante, les phytochromes, captent la lumière et calculent l’augmentation de la période nocturne. Par ces deux renseignements climatiques, les espèces végétales entrent dans leur phase de repos; les feuilles tombent (pour minimiser les dépenses énergétiques), la sève ne monte plus dans les vaisseaux et les ébauches foliaires créées au printemps se parent d’une coque protectrice formée d’écailles : le bourgeon.
Malgré cette protection extrême, les bourgeons ne sont pas à l’abri du gel. En effet, la sève peut contenir des gaz dissous qui sous l’effet du gel deviennent des bulles d’air. Au dégel, elles explosent, entravant la bonne circulation de la sève : c’est l’embolie hivernale.
Pour y remédier, les bourgeons et plus particulièrement les cellules végétales favorisent l’appel d’eau et de sucres tels que le saccharose. Cela a pour effet de générer une pression qui élimine les bulles présentes dans la sève. En même temps, les bourgeons en profitent pour faire des réserves en nutriments pour se préparer à l’éclosion : le débourrement.
Pendant cette période de repos, un renforcement au froid s’effectue. Au niveau des bourgeons, plus précisément des écailles, des inhibiteurs de la croissance sont sécrétés et stockés. Leur rôle ? Protéger le bourgeon et donc les futures feuilles ou fleurs de la dessiccation et des variations de température.
Quels signaux sont émis aux bourgeons des arbres ou autres végétaux pour éclore ? Les mêmes que ceux qui ont provoqué la dormance : la température et la durée de la nuit. Suivant les espèces, une exposition de plusieurs jours à des températures positives leur permet d’enclencher tout un processus de relance de circulation de la sève. L’augmentation de la lumière du jour et la période de redoux, propres au printemps, permettent le débourrement.
Comment va alors s’effectuer l’éclosion des bourgeons ? Pour les végétaux arborescents comme la vigne ou encore le pommier, ils relancent leur poussée racinaire. Ce phénomène consiste en un apport de nutriments puisés dans le sol comme les sels minéraux. Cette aspiration au niveau des racines provoque une pression qui se propage dans les vaisseaux. La sève peut aller à nouveau circuler jusqu’en haut de l’arbre et alimenter les bourgeons : c’est la montée de la sève. Mais, cette poussée racinaire ne s’effectue pas chez toutes les espèces végétales ; d’autres stratégies encore inconnues sont mises en place pour permettre l’éclosion des bourgeons.
Les inhibiteurs endogènes emmagasinés au niveau des écailles de bourgeons sont petit à petit éliminés et la croissance des bourgeons peut alors commencer.
Ces signaux climatiques ne sont pas sans danger pour les bourgeons et donc l’avenir de l’espèce végétale. Il n’est pas rare d’observer des périodes de redoux en février. Le débourrement se réalise mais des phases de gel peuvent se produire juste après et causer de gros dommages à la plante ou arbre. Ce phénomène se produit de plus en plus souvent avec le changement climatique.