J’observe souvent nos perroquets ou nos perruches se lisser les plumes… Individuellement ou mutuellement.
Ce lissage est un comportement habituel chez tous les oiseaux qui comprend le nettoyage assidu, la remise en place des plumes, et l’huilage de celles-ci avec le bec. Il sert également à réparer celles qui ont été heurtées ou percées par des branches ou autres obstacles au cours des déplacements.
Le lissage est essentiel pour préserver les délicates structures que sont les plumes, non seulement indispensables au vol bien sûr, mais tout aussi capitales dans de leurs propriétés isolantes et leur rôle prépondérant dans la régulation thermique du corps.
Pour réparer les dommages momentanés, l’oiseau fait d’abord passer rapidement les plumes, une à une, dans son bec afin d’en éliminer les corps étrangers. Il recommence alors l’opération en les mordillant lentement, de manière à restaurer la continuité des vexilles et des pennes, réunissant à nouveau les barbes qui s’étalent séparées.
On peut distinguer pour cette opération complexe, une vingtaine de mouvements différents, selon un ordre plus ou moins régulier.
La plupart des oiseaux ont des glandes de lissage sur le dos. A la base supérieure des plumes de la queue c’est la glande uropygienne. Le bec est utilisé pour mélanger l’huile extirpée de ces glandes aux plumes, et le frottement de la tête peut être une tentative de distribuer cette huile sur celles-ci, là où le bec ne peut, et pour cause, faire le travail.
Les opérations les plus importantes consistent en premier lieu à nettoyer le bec et à l’enduire du sébum huileux de la glande pour le déposer sur les plumes. Vient ensuite le lissage, effectué en plusieurs temps, des rémiges primaires, secondaires puis tertiaires pour terminer avec les plumes du croupion, des épaules, du dos, ainsi que par les couvertures sous-alaires et du bas-ventre.
L’huile a apparemment plusieurs fonctions : elle aide à conserver la flexibilité des plumes et leur imperméabilité et évite le développement de champignons et de bactéries.
Les oiseaux se servent également de leurs pattes pour entretenir leur livrée. A l’aide des griffes, ils atteignent ainsi les parties du corps situées hors de portée du bec, comme la tête et le cou.
En outre, quelques espèces telles que les hérons, engoulevents et chouettes effraies, ont l’ongle des doigts médians dentelés, sorte de peigne qui leur permet de remettre les barbes des plumes en place. Ils y parviennent en se tenant en équilibre sur une patte et en passant l’autre par dessus l’aile déployée, c’est le grattage indirect, ou en gardant l’aile repliée, c’est le grattage direct.
Les colibris parviennent même à effectuer cette opération en vol. Les représentants de certaines espèces se lissent aussi mutuellement le plumage, particulièrement aux endroits inaccessibles pour un individu isolé.
Chez la mouette de Ross et quelques autres mouettes et sternes, l’huile de lissage contient un colorant rose. L’intensité de la couleur semble dépendre du régime alimentaire et si oui ou non l’oiseau est en période de reproduction. Mais chez ces espèces, la tête est légèrement colorée, apparemment en raison du fait qu’il leur est difficile d’étaler l’huile sur celle-ci.
S’agissant du lissage des plumes d’un oiseau envers un autre congénère (on parle alors de « lissage mutuel »), des scientifiques ont mis en évidence qu’il était en général réservé à des oiseaux de sexe opposé, les mâles adoptant ce comportement largement plus avec les femelles qu’avec d’autres mâles. Chez les perroquets, lorsque cela touche deux perroquets du même sexe, c’est pour mieux renforcer les rapports sociaux.
Dans tous les cas, cela démontre un choix préférentiel d’association avec un partenaire, ce qui exclue l’hypothèse du hasard. Cela occasionne un bénéfice de la part des deux oiseaux. Les parties du corps concernées ne sont pas aisément accessibles, ce qui laisse supposer que c’est là que réside une partie de l’intérêt de cette toilette à deux. Les couples nouvellement formés s’y livrent plus souvent que les plus anciens.
Il serait d’ailleurs possible de tracer un parallèle entre le comportement des perroquets et celui des hommes, à ce stade de la réflexion. L’invitation au lissage par le partenaire intervient parfois aussi à la suite d’un conflit. L’oiseau abaisse la tête,en position d’attente, sollicitant une réaction affective. Cela vise alors à apaiser le conflit. Cette attitude est d’ailleurs également observable dans la relation avec l’humain. Après qu’un perroquet ait été grondé pour avoir fait une bêtise, il n’est pas rare de le voir baisser la tête, dans l’attente d’une carresse pacificatrice.
LE LISSAGE DES PLUMES CHEZ LES OISEAUX
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