Relais du Vert Bois – Gite Normandie pour 8 personnes

L'INTELLIGENCE DU COCHON


Le cochon est sans doute l’animal le plus mal traité, le plus avili de la planète, alors que son intelligence et sa sensibilité le rapprochent considérablement de l’être humain et mériterait notre considération.
Winston Churchill aurait dit que les chiens vous regardent avec admiration, que les chats vous traitent avec dédain et que… les cochons sont nos égaux.
Intéressante remarque qui semble indiquer une ressemblance avec l’être humain. Si l’on y regarde de près, on voit chez le cochon des similarités morphologiques évidentes, mais ce que le grand politicien du vingtième siècle aura su percevoir chez l’animal, c’est plutôt une nature et un comportement d’une complexité inconnue que les éthologistes cognitivistes commencent à peine de découvrir.
L’intelligence des cochons les pousse sans doute à être des animaux très méticuleux quant à la propreté de leurs quartiers : ils construisent un espace dans lequel ils déterminent une séparation marquée des « toilettes » et de l’endroit où ils mangent. Leur sens de la vie en communauté est tout aussi intéressant. Originellement, les cochons sont des animaux grégaires qui semblent apprécier la vie sociale : ils jouent inlassablement comme des chiots, adorent les bains de boues, et sont à la recherche des rares caresses que leurs prodiguent quelques rares humains.
La plupart des gens ignorent non seulement l’extraordinaire nature de ces charmantes créatures rendues si dociles par des centaines d’années de sélection génétique, mais ils ignorent sans doute davantage les conditions de vie infâmes de ces animaux, dans les porcheries industrielles du monde entier.
Qui n’aura pas humé, à proximité de certaines porcheries industrielles la puanteur émanant des fosses où sommeillent des tonnes de déjections porcines, en attente d’un épandage printanier. Chacun de tirer les conclusions qu’il ou elle voudra des aspects esthétiques, écologiques et des nuisances que génèrent ces camps d’élevage concentrationnaire pour le voisinage.
Les cochons tout roses et joufflus de nos livres d’enfants, qui s’ébattent sur une ferme idyllique, où la basse-cour est le théâtre imaginaire des péripéties les plus innocentes et les plus joyeuses, ne ressemblent en rien aux antichambres de la mort inventées par l’élevage industriel. Quelle tristesse de voir ces cochons partir dans ces camions lugubres vers leur sinistre destinée. Récemment, sur l’autoroute, je me suis autorisé à tourner le regard vers l’un d’entre eux. Nous nous regardions, roulant chacun de notre côté à 100 km/h. Qui de nous deux était le plus hagard ? Étrange rencontre d’un matin brumeux et froid qui me fit penser que l’homme est plus animal que la bête. Nous nous fixions et son regard m’a définitivement convaincu qu’une conscience animale existe.
De retour chez moi, j’ai pris le temps nécessaire à mieux comprendre l’intelligence du cochon pour être capable d’en livrer une image fidèle, le jour venu, à ma fille Garance…
Quelle surprise de lire le résultat des récentes études des chercheurs de l’Université de Cambridge puisque ceux-ci ont parfaitement démontré que le cochon a conscience de sa propre existence, tout comme certains grands singes (chimpanzé, orang-outan), éléphants, dauphins, perroquets, pies et consorts.

L’étude, dirigée par Donald Broom, de l’Université de Cambridge, a d’abord consisté à confronter les cochons pendant cinq heures, par groupes de deux, à leur image reflétée dans un miroir. Dans un premier temps, ils ont cru être face à un congénère, l’un d’eux a même chargé son reflet ! Mais là où un gorille ou un chat aurait continué à prendre ce reflet pour un intrus, nos cochons ont progressivement fait de petits mouvements, découvrant que c’était bien d’eux qu’il s’agissait – une prise de conscience qui n’intervient chez l’être humain qu’entre 12 et 18 mois.
Lors de la deuxième étape de l’étude – qu’un enfant de 3 ans peinerait à réussir – les bêtes ont été confrontées au reflet d’une mangeoire. Ayant préalablement pu se familiariser avec le miroir, elles ne sont pas tombées dans le panneau : il leur a fallu moins de 30 secondes pour découvrir la supercherie et se diriger vers la vraie mangeoire. En revanche, les cochons qui n’ont pas été préparés à cette épreuve l’ont manquée. Preuve qu’ils sont capables d’évaluer une situation et d’adapter leur comportement.
Enfin, durant la troisième phase, une marque a été faite sur le front des cochons. Mais, contrairement au chimpanzé, à l’orang-outan et au dauphin, le cochon n’a pas tenté de l’enlever. Un scientifique a émis l’hypothèse que si les cochons n’ont pas réagi, c’est parce qu’ils sont habitués à être marqués par l’homme durant leur élevage.
Toujours est-il que cette surprenante étude va dans le sens de recherches précédemment effectuées à l’Université d’Etat de Pennsylvanie. Les cochons avaient cette fois été placés devant un…jeu vidéo ! Manette en bouche, ils se sont immédiatement familiarisés avec cet univers virtuel, où on leur demandait de diriger une balle sur la partie bleue de l’écran en échange d’une récompense comestible. A ce petit jeu, certains chimpanzés ont été plus longs à la détente, alors qu’il a fallu un an d’apprentissage à un chien accompagné d’un dresseur.

Une tête bien faite et bien remplie, car le cerveau du plus malin des animaux « de ferme » est structurellement proche du nôtre, même s’il est nettement plus petit.
D’ailleurs, à y regarder d’un peu plus près, les similitudes entre le cochon, domestiqué il y a près de 10 000 ans, et l’homme sont troublantes. Outre le fait qu’il partage avec nous 95 % d’ADN, son anatomie est réputée être la plus proche de la nôtre. On fait donc malheureusement souvent appel à lui en médecine. Sa peau – la seule avec celle de l’homme sujette aux coups de soleil – est notamment utilisée pour les greffes et son insuline pour le diabète. Et les grandes analogies des deux systèmes digestifs font l’objet de nombreuses recherches.
En France, l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) étudie sur le cochon aussi bien l’obésité humaine que la nutrition des nouveau-nés. On sait même greffer des organes porcins sur l’homme. Une truie peut être mère porteuse d’un embryon humain le temps d’une opération chirurgicale, comme cela a été le cas au Canada…
Il y a environ 4 ans, je vous recommandais la lecture de l’ouvrage « Le Cochon qui Chantait à la Lune » (voir ici), et bien à nouveau, je vous invite à lire cet incroyable recueil qui vous éclairera certainement un peu plus sur le monde animal qui vous entoure. Faites moi confiance, ce livre est une ode à l’intelligence.

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